ENTRAIN

La résilience : Une capacité à surmonter les épreuves

En physique, la résilience traduit l’aptitude du corps à résister aux chocs et à reprendre sa structure initiale. En psychologie, on a repris ce terme pour désigner la capacité d’un individu à surmonter les moments douloureux de l’existence et à se développer en dépit de l’adversité. Autrement dit, la résilience consiste à vivre un traumatisme (deuil, abandon, inceste, violence, maladie, guerre, etc) et à apprendre à “vivre avec” et à rebondir en changeant sa perception de la situation, voire même à se délivrer d’un passé empoisonnant pour en sortir grandi.

Le mécanisme du processus de résilience
Être résilient n’implique pas que l’on nie les épreuves dans le but de passer à autre chose. Bien au contraire, il est nécessaire de faire face aux événements. C’est un processus dynamique qui s’étale sur un temps plus ou moins long et qui permet à la personne de se bâtir un coffre à outils dans le but d’en sortir plus fort. Selon plusieurs spécialistes, l’attitude résiliente est dynamique et passe par plusieurs phases pour contrer les trajectoires négatives :
– Une révolte intérieure contre le malheur : “Je ne dois pas me laisser atteindre par cette épreuve, je dois trouver une solution.”
– Un défi lancé à soi-même : “Si je parviens à m’en sortir, je serai fière de moi.”
– Un bon sens de l’humour : plutôt que de s’apitoyer sur son sort, à ne pas se voir comme une victime et à se comparer aux individus qui ont eu plus de chance qu’elle.
– Une pratique qui permet de canaliser les émotions : que ce soit par le biais des arts (écriture, peinture, etc), la personne résiliente trouve généralement un moyen d’exprimer son ressenti de manière plus objective, ce qui lui permet ensuite de passer à travers cette épreuve plus facilement.

Est-ce que l’on vient au monde résilient ?
Il n’existe pas de gêne de la résilience, ce qui veut dire que n’importe qui a les capacités de développer cette capacité à faire face aux événements. Toutefois, plusieurs études scientifiques ont mis en lumière que la production d’hormones euphorisantes (dopamine, sérotonine) est plus élevée, et ce, dès les premières heures de vie, chez certains bébés. Cela démontre que nous n’avons pas tous les mêmes armes face aux épreuves.

De plus, plusieurs facteurs jouent un rôle prépondérant dans la façon dont on peut faire face aux événements. La plupart de ces facteurs prennent leur source dans la petite enfance. Ainsi, il sera plus facile de développer des mécanismes d’autodéfense face à l’adversité lorsque les premières années de vie incluent :
– Un climat sécurisant : sentiment de confiance, parents présents et unis (même après une séparation), forte relation avec la mère, se sentir aimé et en sécurité.
– Une force de caractère : même lorsqu’ils sont très jeunes, on peut remarquer que certains enfants sont foncièrement joyeux et heureux de tout ce qui leur arrive.
– Un entourage encourageant : la famille immédiate joue un rôle primordial, mais ce n’est pas tout. Les premières amitiés, les éducateurs et professeurs dans la jeune enfance peuvent influencer grandement l’estime de soi et la capacité à voir la vie du bon côté.

Les statistiques montrent qu’une personne ayant bénéficié de cela est mieux armée contre les épreuves, mais il ne faut pas généraliser. En effet, il est malgré tout fréquent qu’un individu qui aurait tous les préalables nécessaires pour être résilient sombre dans la dépression au moindre problème, alors qu’un autre développera des mécanismes d’autodéfense et une force de caractère lui permettant de se sortir de toutes les situations.

Peut-on devenir plus résilient ?
Le vécu et l’histoire personnelle de chaque individu jouent un rôle dans la capacité à affronter les épreuves de la vie, mais cette histoire personnelle, justement, n’est pas figée dans le temps. Elle évolue avec les années et il est possible de rebâtir la confiance en soi, en la vie et en son entourage au fur et à mesure que l’on grandit. Certaines personnes ont de meilleures bases et, disons-le, plus de chance que d’autres. Toutefois, ce n’est pas parce qu’on a eu une enfance défaillante qu’on ne peut pas changer sa façon de voir la vie. Cela demandera parfois plus d’efforts et d’implication personnelle, mais il est possible de cultiver la résilience.

Même si cela prend du temps et n’est pas toujours évident, il est possible de travailler sur notre capacité à faire face à l’adversité. Voici quelques moyens pour nous aider à changer notre façon de voir la vie :
– Bâtir sa confiance en soi, son estime personnel;
– Essayer d’être toujours optimiste, de voir le bon côté des choses;
– Trouver un sens à sa vie, avoir des buts clairs et réalistes;
– Être flexible et enthousiaste face aux changements;
– S’entourer de personnes positives qui nous font évoluer et nous encouragent;
– Essayer d’être reconnaissant pour ce que l’on a plutôt que se plaindre de ce que l’on n’a pas;
– Faire le bien autour de soi : faire du bénévolat est une excellente manière de ne pas s’apitoyer sur son sort;
– Accepter que l’on ne puisse pas toujours changer les choses;
– Ne pas avoir peur de la solitude : il faut voir ces moments comme des étapes qui nous apprennent à mieux nous connaître pour ensuite aller vers les autres.

Lenoir, Véronique, Mot de la coordonnatrice, L’Entrain. entrainsm.org/mot.shtml